En se basant sur les résultats d'une enquête mondiale menée récemment, il s'avère que le pillage des sites archéologiques est fréquent et généralisé.
Cela suggère de graves conséquences pour la préservation du patrimoine culturel de l'humanité ainsi que pour la compréhension ou la redécouverte de l'histoire de l'homme.
Huaca El Brujo, sur le site archéologique El Brujo, au Pérou. Cette Huaca a été découpé par des charognards, probablement à l'époque coloniale, de sorte qu'elle pourrait être pillée. Elle est actuellement fermée au public, car elle est considérée comme instable et donc dangereuse pour les visiteurs. Jorge Gobbi, Wikimedia Commons
L'enquête, menée par Blythe Bowman Proulx, professeur adjoint de justice pénale à la L. Douglas Wilder School of Government and Public Affairs de la Virginia Commonwealth University, a collecté les informations par le biais d'un questionnaire structuré envoyé par voie électronique à plus de 14.400 archéologues de terrain dans le monde entier.
L'étude visait à recueillir des informations sur leurs expériences personnelles concernant le pillage des sites archéologiques. L'objectif étant de développer une image de la nature, de l'étendue géographique et de la fréquence des pillages et des destructions de sites dans des contextes locaux et mondiaux.
Une importante perte d'information sur les anciennes civilisations.
"Les archéologues sur le terrain sont les plus à même d'observer les pillages", écrit Proulx dans son rapport, "Bien que l'objet de leur travail est l'étude archéologique, l'excavation, l'analyse post-fouille, ou la conservation et la gestion du site; cela fait d'eux une source importante d'informations sur les pillages et les destructions de site".
D'après les archéologues et les historiens, le pillage des sites archéologiques est important non pas par la perte des objets eux-mêmes, mais par la perte de l'information sur les civilisations ou les établissements humains qu'ils représentent; car la valeur réelle des biens pillés repose en fait sur ce que l'on sait du contexte dans lequel ils ont été trouvés.
Proulx a reçu les réponses de 2.358 archéologues du monde entier. Sur la base de leurs commentaires, l'activité de pillage s'est produite dans 87% des 118 pays qui ont été signalés comme lieux privilégiés pour les travaux archéologiques.
La plupart des répondants (97,9%) ont déclaré que le pillage se passait dans la zone environnante ou dans le pays où ils effectuaient leur travail de terrain, et "78,5% ont déclaré avoir eu une expérience personnelle sur le terrain avec le pillage à un moment donné au cours de leur carrière".
Le pillage et la destruction des sites archéologiques, en particulier en tant que moyen pour alimenter le commerce illicite international et la vente d'antiquités, existe depuis des siècles et a fait l'objet de nombreux rapports, de livres et d'articles pendant des décennies.
Le pillage et, par conséquent, le rôle qu'il peut jouer dans le commerce des antiquités, ne peut plus être rejeté comme une simple exagération.
Sa pratique n'est donc pas une révélation pour les chercheurs et le grand public.
Jusqu'à présent, cependant, les mesures pour déterminer sa portée et sa fréquence à l'échelle locale et mondiale n'avaient jamais profité de l'expérience et l'observation des personnes peut-être les mieux placées pour informer: les archéologues.
Selon Proulx:. "S'il peut n'y avoir rien de particulièrement révolutionnaire à demander aux archéologues de partager leurs expériences personnelles et leurs opinions sur les pillages des sites archéologiques, la conception de cette étude est novatrice dans son contexte global, son objectif et son exécution. Autrement dit, cette étude apporte un soutien empirique à l'affirmation que le pillage est un problème itératif qui est répandu à la fois dans l'espace et dans le temps. Il ne se limite pas à certaines zones du monde ou des types particuliers de ressources archéologiques ... Le pillage et, par conséquent, le rôle qu'il peut jouer dans le commerce des antiquités, ne peut plus être rejeté comme une simple exagération"».
Le rapport, intitulé "Archaeological Site Looting in "Glocal" Perspective: Nature, Scope and Frequency" (Pillage de site archéologique dans une perspective «glocale»: Nature, portée et fréquence), a été publié en accès libre dans l'American Journal of Archaeology.
Dans le prolongement de l'article, le public est invité à remplir une enquête semblable sur le pillage des sites archéologiques.
Source:
- Popular Archaeology: "Study Reveals Looting of Archaeological Sites as Massive Global Problem"
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